10 Août 2012
Te souviens-tu des lis qui ornaient le jardin,
Et des pins parasols aux odeurs raffinées,
Des tamarins en fleurs, des frêles papyrus,
Que les jeunes enfants cueillaient pour l’écriture ?
***
Après avoir longtemps ramé sur les eaux bleues
De ce fleuve divin, je m’étais reposé
Près d’une étrange hutte dont ta paisible mère
Protégeait les abords des renards du désert.
***
C’est là que tu parus, en toute ta jeunesse
Rayonnant solitaire sur ton radeau sanglé.
Je pourchassais les carpes de mon arc léger.
Tu vins près de la rive lentement m’accueillir
***
D’un sourire charmant. Le crépuscule naissait
Quand nous fûmes en vue de l’immense demeure.
Il nous fut préparé un plantureux festin.
Or mon père devisait en compagnie du roi,
***
Le luth et la cithare entonnaient des arias.
Cette nuit tu devins mon premier serviteur.
Khépourê, fils et frère, ta calme compagnie
Comblait toute ma vie et reposait mon âme.
***
Alors je parcourais le monde de l’Egypte,
Baigné par l’amitié que tu me prodiguais.
Le souverain discret qui t’avait remarqué
Parvint à nous céder un de ses chars ailés.
***
Dès l’aube nous volions poursuivre les gazelles
Dans les sables perdus des ruines ancestrales.
Au temple où célébraient les trois vierges vestales,
Pharaon me promit à la princesse royale .
***
Ankhénamon, ma tendre épouse s’amusait.
Ta présence chez nous lui était agréable.
Clémente , elle acceptait notre complicité.
Au bout de deux années, m’enchanta de deux fils,
***
De trois filles qu’ensemble vous avez élevés.
Au fond d’un mastaba de granit veiné
Fut scellée de mon père la momie vénérée..
Comme scribe du roi, je dus lui succéder.
***
Un jour à travailler à la dictée des plans
On vint nous annoncer que tu avais vécu...
Une douleur intense me plongea dans les bras
De Pharaon secret. Naquit un nouveau fils.
***
En souvenir de toi, Khépourê fut nommé.
Je sus que tu étais revenu parmi nous.
A notre grand émoi, sublime tu perçais
Toutes les qualités qu’autrefois tu domptais.
***
Deux âmes séparées à jamais se retrouvent.
***
Te souviens-tu des lis qui ornaient le jardin ?
© thierry colonna
Un arc dans le ciel
Un rubis scintille
L’astre du berger
***
Court un enfant nu
Sur le sable au vent
Étrange miroir
***
Et passé le temps
A conter le soir
Des versets connus
***
Quand l’esprit s’éveille
A l’âtre l’on veille
Et le jour réveille
***
La candide fille
Qui dans la ruelle
Devant l’étranger
***
Danse sensuelle
Et s’envole en vrille
Robe dérangée
***
Seule elle se repose
Au milieu des roses
Visage serein
***
Court un enfant nu
Sur le sable au vent
Étrange miroir
*** *** ***
Vogue un enfant nu
Sur le sable clair
Mystérieux diamant
***
De ses pas agiles
Blanche mer efface
Les minces empreintes
***
Sabots de cheval
S’enfoncent profonds
Où pas de gamins
***
Ont tôt disparu
Le petit d’humain
Qu’est-il devenu ?
***
Le fils de Pégase
L’enfant de Mercure
Ou cheval du Ciel ?
***
Était-il un ange
Venu se baigner
Dans les eaux terriennes ?
***
De ses pas agiles
Blanche mer efface
Les minces empreintes
***
Vogue un enfant nu
Sur le sable clair
Mystérieux diamant
*** *** ***
De ses pas fragiles
La mer bleue retrace
L’épopée tragique
***
Et passé le temps
A conter le soir
De l’enfant l’histoire
***
Quand dans les nuées
La nuit s’assombrit
On croit percevoir
***
Sur la Voie Lactée
Un cheval ailé
Briller comme l’eau
***
Qui dessus la grève
Comble tous les signes
Décelés en rêve
***
Un brillant sillage
Dans l’espace noir
Conte un vieux présage
***
Quatre sabots clairs
Volent sur le sable
Au vent chaud d’été
***
Un arc dans le ciel
Un rubis scintille
Étrange miroir
© thierry colonna
Au centre du désert, sous le ciel étoilé dans le doux vent de Juillet un étrange piano joue d’une musique classique. Neuf nomades, rudes bergers des collines asséchées du Néguev*.
Assoupi près du feu , l’enfant dort dans le creux de son père: regard de bonté, coeur aimant !
Six fils , deux épouses.
En blanche gandoura* je dévale la pente en direction du camp lorsque trois chiens furieux tentent de m’assaillir. Alertés deux garçons basanés remontent la colline, viennent à ma rencontre m’écarter de leurs crocs.
“Thé“, geste de boire ,... je les suis , tandis qu’ au lointain le vieux patriarche tourné vers le Sud , chapelet au poignet, redit à son Seigneur sa louange au couchant.
Troisième nuit du Ramadan. “Salam“ , m’accueille-t-il , me tend un chaud coussin et quelques victuailles . Le thé brûlant déjà irrite ma faible gorge desséchée par le sable . Le ciel s’assombrit . Chacune des planètes allument ses lampions . Les flammes immortelles rougeoient les jeunes visages, approfondissant le regard des pasteurs arabes.
Le petit est toujours endormi dans le creux de son père dont le turban flottille dans le vent. Les deux femmes aux bracelets d’argent se cachent le visage . Dans le lointain flamboie un petit feu de bois. De loin en loin se répète la scène, de désert en désert et d’étoile en étoile; l’homme invite le visiteur du soir, l’étranger amené à la table pour le partage. Partage du froment , de la couche et du coeur.
Le troupeau de cent brebis et chèvres se repose , même si à ma gauche éternue longuement un agneau qui sommeille. Dans le ciel rougeoyant se dessinent les formes ondulées des monts sur l’aura bleu et vert de la ville du désert ; Beer-Shéva* étincelle ses lanternes répondant aux nuées célestes.
Je n’arrive plus à lire ce texte que j’écris car le feu s’affaiblit or chacun me regarde tracer sur mon carnet ces émotions intenses tandis qu’à la radio s’achève le piano : le jeune préfère reprendre la musique de ses pairs , airs lancinants d’Orient .
Le thé par quantité m’est offert sans arrêt. Une pastèque est ouverte pour nous désaltérer. Le plus beau des garçons ne me quitte pas des yeux. Souvent à mon côté , souvent me dévisage. Et l’enfant toujours dort.
Un avion. La Grande Ourse . Et le vent . Et tous ces feux au loin font chavirer mon âme. Le turban blanc se penche pour lire ce que j’écris.
Mais mon amour est là qui hante mes pensées. Je m’assoupit enfin malgré l’ivresse du thé .
© thierry colonna
*Néguev : désert dans le sud Israël, jouxtant le Sinaï.
gandura : tunique égyptienne de coton.
Beer-Shéva,“puits du serment” entre Abraham et Abimelek : ville du Sud Israël
« Abraham planta un tamaris à Beer-Sheva et il y invoqua Yahvé, le Dieu Éternel »
(Génèse 21,33).
Ô page de la ronde
De mes soucis éteints
De mon visage tu sondes
Les épis et le grain
Y lis-tu le chagrin
Qui en mon âme gronde
Ma passion est ma fin
Et mon action ma fronde
Lent l’écho de mon coeur
Afin que me réponde
La mer que sa rancoeur
Effondre
Que la vague de ton rein
Batte l’aile féconde
Que te rende serein
La brume vagabonde
La valse des airs marins
Des sveltes amers marins
Tourne les fiers airains
Mornes et taciturnes
La danse des goélands
Se perd en tourbillons
Tandis que danse et lent
Le sable en longs sillons
S’élève dans le clair
Des nuées encore vert
Des déserts de rosée
S’approchent à longs pas
Les corsaires arrosés
Du vin de leur repas
Sur la croupe bossue
De leur bête fidèle
Ils chevauchent assis
Les prisonniers rebelles
Attachés aux lassos
Le sable des chameaux
Cache les silhouettes
Au sommet du hameau
Un envol de mouettes
Fait comme un lent planeur
Dériver les sauterelles
Dans le champ le glaneur
Se bat contre un nuage
Tandis qu’un moissonneur
Abat de son plumage
La céréale bleue
Dont l’épi jaune penche
Le soleil est peureux
Et le ciel de pervenche
Le premier disparaît
Le second transparaît
Caravanes à parures
De multiples couleurs
Sur l’horizon déclinent
Disciples des chaleurs
Les foudres des collines
Les emportent en pleurs
Les traînées de dorure
Que déposent leurs fleurs
Donnent au voyageur
Suprême enluminure
Le goût de la nature
L’amour ensorceleur
Fertile nourriture
Pour l’amoureux rêveur
Les chameaux dont l’usure
De leurs épais sabots
A ralenti l’allure
Délaissent les seigneurs
Se couchent sur la dure
Et laissent les fuyards
A l’ombre d’un vieux puits
Jusqu’à la margelle rempli
Ô page de la ronde
De mes soucis éteints
De mon visage tu sondes
Les épis et le grain
Y lis-tu le refrain
Que fredonne mon coeur
Il te dit du matin
Le chaleureux bonheur
Et te chante les pins
Les cigales les fleurs
Il t’enivre du vin
Du crissement rieur
Et tu parcours le monde
En ton coeur ce refrain
Ô page mage l’onde
Blonde en ma joie flamboie
L’eau des soucis profonde
A plongé dans les bois
Ô sage page sonde
Et que mon âme fonde
Dessus l’orage qui
Abandonne mon coeur
© thierry colonna
Ils étaient beaux les blés sous le soleil d’Athènes .
A sept nous courions voir paître nos brebis .
La mer déployait ses effluves marines,
De blanches voiles erraient des barques opalines .
***
Aux bords du Parthénon nous cheminions un soir,
La voix du philosophe semblait les émouvoir
Ces vingt-quatre chercheurs qui croyaient percevoir
Parmi ses envolées des aurores d’espoir .
***
A observer les cieux , les astres, les marées
Quand les vents et les pluies nous couvrent de caresses
Que notre esprit s’embrase d’univers et d’espaces
Notre âme se rappelle quelle est sa destinée .
***
Jeunes pâtres perdus dans les chemins placides,
Ce discours savant nous paraissait aride .
Dans les prairies lointaines ondulaient les froments
Que nos troupeaux paisibles remontaient lentement .
***
Ces fûts, ces chapiteaux, ces colonnes de pierre
Qui se levaient non loin des brunes cariatides
Dans le pourpre du soir et des brumes humides
Rendaient sa majesté au temple des mystères .
***
La Cité rayonnait, vue de nos champs de vigne .
Comme l’Arche sur le mont Ararat, l’Acropole
Semblait se reposer, l’océan retiré .
Malgré notre candeur nous savions déceler
***
La grâce de ces lieux endormis sous les cieux
Que l’art et la sagesse de quelques hommes pieux
Avaient transfigurés d’inspiration féconde
Respectant les canons des proportions du monde .
***
Sparte invinciblement guerroyait sur la mer
Bergers aventuriers, nous allions tous les sept
Grossir les rangs des troupes reparties en manoeuvres
Qu’envoyait la Cité combattre l’assaillant .
***
Les flottes adversaires flambaient sur l’océan .
Les armées mercenaires tentaient percer le flanc
Des Lacédémoniens qui voulaient ardemment
Du peuple, de la Ville être les conquérants .
***
Nous n’étions plus que deux à revenir de guerre,
Ils avaient succombé nos cinq amis, nos frères .
Le cirque d’Épidaure apaisait les rancoeurs .
L’ouvrage merveilleux de l’artiste semeur
***
D’harmonie, de lumière stimulait en secret
Ces trop nombreux guerriers harassés et blessés .
Devant eux les acteurs mimaient la tragédie
Dans ce cercle où la peur quittaient leurs énergies .
***
Les cyprès se mouvaient dans le vent . Les oiseaux
S’égayaient dans les blés et les prés . Les ruisseaux
Couraient par les vertes collines de fraîches eaux
Où se baignaient heureux les marins des vaisseaux .
***
Sparte vainquit Athènes sur les champs du malheur .
La pensée, la beauté, l’art et la perfection
Répandirent leurs parfums sur tous les continents
Dont les Hellènes furent les premiers enseignants .
© thierry colonna
Au sortir de l’hiver Le maître eut tôt douze ans .
Les monts Himalayens Il s’en fut au chevet
Reverdirent de lumière De l’homme agonisant
A fondre leurs glaciers . Qui bientôt ne rêvait
Dans la vallée vivait Que payer, racheter
Parmi ses deux garçons Son crime, son tourment .
Un berger Népalais L’enfant saint d’un serment
De sagesse et raison . Lui donna d’enchanter
L’un des fils méditait Le reste de son âge .
Quand l’autre parcourait Par quatre ans de silence .
Avec son lent troupeau Et dans ses pâturages
Les forêts de bouleaux . D’accueillir trois enfants,
L’aîné au fond du coeur Orphelins du village .
D’une tendresse claire Leur montrer l’élevage
S’épanchait vers la soeur Des chèvres, des brebis .
Du messager du père, Sept ans après, le sage
Belle tant convoitée Revint dans les alpages,
Par le fils cadet . Des trois jeunes s’enquit .
Abîmé en colère Avaient donné la vie .
Il détruisit son frère . Un sombre soir d’orage
Son père le bannit . Le vieillard prit bagage
A la fille il s’offrit . S’envolant de son âme .
Elle enfanta des cieux Auprès du jeune sage
Un fils mystérieux . Des trois familles unies
Les dieux leur envoyaient Ayant rendu hommage
Le plus jeune des maîtres . Aux maîtres, à ses amis .
L’assassin vit ses bêtes Léguant un arc-en-ciel,
Peu à peu trépasser . Une foule de nuages
Des femmes il ne pouvait Constellés de lumière .
Jamais se faire aimer . C’était dans la nuit claire
De son secret passé Un étrange chemin
Chacune s’enquérait . Pour ce curieux destin .
© thierry colonna
Ô vous, cités radieuses des Indes éternelles,
Mysore et Bangalore, Maduraï et Jaïpur,
Amritsar, Udaïpur, Darjeeling et Ajmer !
Ai-je vécu, jadis, en vos douces enceintes ?
***
J’ai oublié comment, par la vache sacrée,
Je menais au labour mes enfants costumés .
Vêtue d’un sari d’or, d’un châle vert foncé,
Ma jeune épouse errait par la fontaine perlée,
Sur la tête portant la jarre en cuivre d’or .
***
Mon fidèle chien Aram nous suivait tous les six,
Il gardait bien le mas pendant les nuits d’été .
Noir et blanc, chat Melim trottait derrière les boeufs .
***
Des oiseaux merveilleux coloriant les feuillages,
Des myriades de fleurs jaunes et rougeoyantes
Embaumaient de senteurs l’éther immaculé
De cette Inde secrète à mon coeur amoureux .
***
Je me revois partir un jour d’un froid hiver,
Cerner l’Himalaya en quête d’un gourou .
Il m’en fallut des jours sur des mules lassées
Pour franchir ravins, pics rocheux et vallées .
***
En quête d’éternel et de beau qui ne sait
Qu’il faut gravir bien haut les degrés du Sentier .
***
Une nuit de tourmente, j’arrivais à mon havre,
Mes trois mules souffrant, mes deux sherpas gelés .
Un doux vieillard veillait, une lampe à la main .
Il nous sentit venir harassés et peinés .
Un breuvage curieux nous rendit à la vie .
A écouter sa langue nous touchions à l’extase .
***
L’ermitage des dieux acceptait ma requête,
Ce but étant atteint, un autre apparaissait .
Ici j’allais apprendre à devenir un sage .
***
Plus tard je descendrais dans la vallée profonde
Retrouver mes enfants, ma femme, mes parents,
Mes bêtes si sereines qui me manquaient souvent .
Et mes amis d’antan qui m’avaient enseigné
Comment se libérer des désirs insouciants .
***
Le sage dirigeait l’ashram avec ardeur,
C’était un initié du maître Kootoomi .
Trois disciples de valeur guidaient les aspirants .
Ce degré élevé enseignait la vaillance .
***
Notre tâche du jour était d’aller chercher
Chacun, de grands seaux d’eau au ruisseau éloigné
Deux longues heures durant ; le sentier escarpé
Descendait la douce vallée enluminée .
Sur l’eau transparente, de jeunes dévêtues
Lavaient d’or leur sari et se baignaient légères .
***
J’en fus très perturbé et demandais au maître
D’être exempté d’aller au ruisseau tentateur .
Il m’envoya encore pour tester mon courage .
Mes vieux sens en émoi au cinquième voyage,
Je tombais en extase ; une fille brunie
Dont les cheveux cachaient une faible poitrine ;
Elle appela soudain ayant glissé dans l’eau .
Nos deux corps souverains s’enlacèrent sans fin .
***
Mes compagnons gênés s’en furent conter l’histoire
Au maître souriant qui m’envoya au ru
Tirer l’eau vagabonde jusqu’à l’épuisement .
Il avait deviné que le calme viendrait .
***
Jaloux mes camarades qui se moquaient de moi
Quand le temps fut venu, commirent des méfaits .
Quelques-uns nous quittaient, d’autres persévéraient .
***
Je me tenais égal après cette aventure,
Mon esprit était clair et mon corps transparent .
Mes désirs s’estompaient et la méditation
Permettait des miracles, se concentrer sur OM
Et imaginer RA, rare source de Sagesse .
***
Les années s’écoulaient, lentes et passionnantes ;
Je partais à présent cheminer vers les monts
Et je pensais souvent à l’Agartha tout proche .
On en parlait longtemps entre disciples émus .
Il était clair encore que nous étions petits,
Jamais nous ne verrions paraître Kootoomi ;
***
Un soir que la tempête venait nous enivrer,
Frappait à notre porte un vieillard voûté .
Mes frères ne voulaient ouvrir à ce reclus .
En hâte notre père laissa entrer ce gueux .
Et nous somma d’aller au temple pour prier .
Jamais je n’avais vu colère si soudaine
Dans les yeux si profonds, si chaleureux du maître .
Nous pensions avoir commis l’impardonnable .
***
Une soupe fumante lui fut alors servie .
Ainsi je me souvins des bergers, des pasteurs
Que Krishna, l’enfant-né avait tant accueillis .
Peut-être devions-nous paraître hospitaliers
Pour tout être vivant passant sur nos paliers .
***
A table regardant cet être qui mangeait
Je ressentais au coeur comme un feu dévorant .
Comment se faisait-il qu’un pauvre vagabond
De son regard lumière m’émut profondément ?
***
Peu à peu une aura or argent s’enroulait
Autour de sa tête ; soudain il disparut
Laissant là son assiette qui fumait encore .
Stupéfaits et tremblants nous regardions le père .
***
Alors réapparut dans un halo violet
L’homme, regard brûlant, qui s’approchait de nous .
Une épée flamboyante se tint à son côté ,
Une couronne de diamants reposa sur son front
Un sceptre d’émeraudes rayonna dans sa main .
***
En lumière et silence se transmutait Moriah,
Frère initiateur de maître Kootoomi .
***
Ses paroles coulaient comme liqueur ancienne .
Nous étions loin de nous, proche du nirvana .
Il fallut bien pourtant revenir à l’ashram
Aider, veiller le père et reposer notre âme
De ce si long voyage aux pays sans pareils .
***
Des êtres transformés tout prêts à redescendre
Des vieux monts enneigés à la vallée patiente
Donner à leurs disciples l’enseignement du mage .
***
Tout homme en un instant peut découvrir son sage .
© thierry colonna